Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

C’est ainsi qu’avait débuté ma soirée, après une dure journée de labeur. Dure ? Pas vraiment finalement. Je ne fais que vendre mon matos a des pauvres illuminés en voyageant dans ce tout nouveau monde. Pas dure, non, mais longue. J’avais bien besoin de me reposer les jambes. Aucun doute ne m’accapara alors l’esprit : la réponse était toute trouvée. Y avait-il réellement des personnes ne souhaitant pas s’amuser ? Impossible.

Me voilà donc assis à une petite table, une pinte de bière coincée dans ma main droite. Mon camarade, face à moi, me parle de choses plus inintéressantes les unes que les autres. Je ne l’écoute pas, je ne le regarde pas. Mes yeux sont fixés sur une jeune femme accoudée au bar. Hier peut-être aurais-je osé m’aventurer vers elle et couper court à la conversation qu’elle entreprenait avec le serveur. Hélas.
Je soupire et avale une bonne gorgée de mon breuvage.




Je détourne mon regard et le repose sur lui. Beaucoup moins intéressant… Lui adressant un sourire et un clin d’œil qui en dit long, je fouille dans la poche interne d’une manche de ma veste et en sort une petite boule bleu fluo. Je déverse une dizaine de grains sur le dos de mon index et les inspire par le nez d’un coup avant de ranger le tout à sa place d’origine. Tout ceci ne s’est passé qu’en l’espace de quelques secondes. Discrétion et habitude obligent !




Dis-je en me levant vers la piste de danse. Me revoilà frais comme un gardon. La musique bat son plein et les clients commencent à se remuer de plus en plus. Je me sens si bien là, dans mon monde. Musique, liberté, euphorie. Et je tourne et m’envole comme un ange au milieu de la foule. Un rire éclate du fond de ma gorge et se répand dans la salle, se mêlant au brouhaha. Le temps semble ne plus passer.

Un coup brutal me remet les idées en place et mes pieds touchent de nouveau le sol. Mais une jolie et douce voix me permet de rêver à nouveau. Qui aurait cru que la jeune femme que je n’osais pas approcher il y a quelques minutes se retrouvent là, juste devant moi, m’adressant la parole ? Mon visage se fend en un sourire plus grand que grand. C’est qu’elle s’excuse en plus, elle est trop mignonne.




Un petit rire enfantin vient agrémenter ma remarque de gros dragueur du dimanche. On ne peut pas être bon tous les jours, que voulez-vous. Arrangeons ça.




Dis-je en mimant une légère révérence.
Voilà.
Ça c’est plus classe. Moins lourd ? Ouais peut-être pas.

- Nemo -

Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

J’entends des éclats de rire s’élever derrière moi et je sais tout de suite qu’il s’agit de l’autre saleté se fichant ouvertement de moi. Attends de voir, misérable. Je ne suis peut-être pas au meilleur de ma forme, mais ma technique peut toujours fonctionner.

J’observe la jeune femme qui m’inspecte en retour. J’espère intérieurement que je suis à son goût. Alors ? Va-t-elle m’envoyer paître ? Plus les secondes s’écoulent, plus ma confiance s’envole. Mais elle finit par revenir au galop quand Azura se présente, souriante. Je donnerai n’importe quoi pour voir le visage de ce pauvre imbécile.

Mes lèvres s’entrouvrent, s’apprêtant à engager à nouveau la conversation, pour se refermer sur un petit cri fort peu masculin. Me voilà au centre de tout le monde, presque collé à elle. Je ne peux m’empêcher de sourire de plus belle. Je pense que je ne pouvais rêver mieux. Il est des jours comme ça, où on a besoin de penser à autre chose, de vivre réellement. Pas seulement derrière une façade. Et là, à ce moment précis, je vis et m’amuse pleinement.

Je sens Azura s’approcher plus près de mon oreille en me glissant quelques mots. Je frissonne à son contact. Sans doute l’effet de la poudre bleue.
Sans avoir encore une fois le temps de répondre, je la vois s’enfuir. L’un de mes sourcils se lève, traduisant toute mon incompréhension. Ne tient-elle pas en place ? Vient-elle d’avoir une piqûre de conscience ?
Non… Mon sourire commence à s’estomper avant que je ne la vois me faire un clin d’œil. Si ça, ce n’est pas une invitation, je n’ai plus qu’à m’appeler Bichette.

Je marche vers sa banquette et m’installe à ses côtés. Enfin, nous allons pouvoir discuter.




Je lui retourne un clin d’œil. Voyant son verre déjà bien entamé et le mien inexistant, je lui en propose un autre et me lève pour aller chercher le sien (ou pas) et le mien. Pinte en main, je me retourne vers elle après quelques courtes minutes. Je trinque et bois une gorgée de ma bière.




Je ris de ma propre blague. Quel fun, vraiment.

- Nemo -

Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

Ma dégaine laisse apparemment présager que je suis DJ. Parfait, cela ne me dérange pas le moins du monde, au contraire. Le style cool, beau gosse et classe, cliché du DJ, me convient tout à fait.
Je suis assez content de la voir si enthousiaste. Peut-être que je vais réussir à la ramener à Myria, sur la Star Platinum et même peut-être chez moi.

Je ris doucement en écoutant la suite de ses paroles et boit une énième gorgée. Populaire, oui, forcément, et pas qu’auprès de la gente féminine. Pas que toute cette popularité me plaise plus que ça depuis quelques temps, quand j’y repense.




Une lueur triste passe soudainement dans mes iris avant de repartir aussi rapidement qu’elle n’ait apparue. Je lâche un court regard vers l’endroit qu’elle me désigne, là où, effectivement, un ahuri se marre en nous épiant de manière fort peu discrète. Me voilà soulagé que cette partie de la conversation soit achevée.




J’agrémente mon discours d’un petit majeur levé en riant joyeusement.
Mes yeux revenant sur Azura, je la contemple se mettre dans tous ses états en souriant. C’qu’elle est mignonne. Il semblerait que l’alcool lui monte déjà à la tête. De mon côté, l’effet de l’Euphoria est assez puissant pour contrer ceux de l’alcool.




Je me positionne de côté, une jambe pliée sur la banquette. Je me rapproche d’elle, de façon à ce que mes lèvres ne soient plus qu’à quelques centimètres de son oreille.




Profitant de sa proximité, je note qu’elle sent très bon. Le contraire m’aurait étonné. Je me redresse, gardant un bras sur le dossier, l’autre finissant quasiment ma pinte de bière. La poudre bleue commence sérieusement à me monter au cerveau. Il était temps.
Les couleurs se font plus vives, la lumière plus intense et le son plus transcendant. Mon sourire ne redescendra plus pour ce soir.

- Nemo -

Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

Azura paraît étonnée de mes multiples questions. Pourquoi ça ? J’aime tout simplement savoir avec qui je discute. Surtout en ces conditions. Surtout avec ce futur proche que j’ai déjà parfaitement bien en tête. Elle se décale et je la suis des yeux, craignant qu’elle ne s’enfuie. Mais elle ne fait que se repositionner face à moi, très près. Très…
Mon dieu
Si j’étais un dessin de bande dessinée, on pourrait voir une multitude de goutte de sueur sur la totalité de mon visage. Si près que je sens sans mal son souffle chaud. C’est à ce moment-là que je me rends compte qu’une part de moi-même est encore lucide. Avec une ou deux pintes de plus ou pire, une dose d’Euphoria, je ne pense pas que j’aurais pu me retenir comme je le fais maintenant.

Elle parle mais c’est à peine si j’écoute ses paroles. *bravo, très poli ça, Billy* Je n’y peux rien, c’est sa faute.
Seul « je » et « banale » parviennent à mon cerveau sans en sortir inutilement. Elle ? Banale ? Et quoi encore ?
Sur le point de répondre, je me stoppe dans mon élan voyant Azura se rapprocher de mon oreille, reproduisant mes mouvements d’il y a quelques secondes. Je soupire et ferme les paupières quelques secondes. Sa voix n’aidant en rien, une vague de chaleur s’accumule en moi. C’est fou, si elle veut que je craque, elle est sur la bonne voie.

Finalement, elle se lève, emportant toute sa sensualité au loin vers le bar. Étalé contre le dossier de la banquette, jambes écartées, crâne en arrière, je me frotte le visage rapidement avec mes paumes. Je vais enfin pouvoir reprendre mes esprits.
Incroyable. Je sens toujours son regard chaud collé sur moi. Infernal.
Une fois remis, je l’attends en lui rendant le regard brûlant qu’elle m’envoie depuis tout à l’heure. Je vais devoir être clair avec elle.
Elle finit enfin par revenir et je lui adresse un sourire la remerciant en prenant ma pinte. Hop, une gorgée pour me vivifier l’esprit.




Je ne la quitte pas des yeux et un petit rire traverse mes lèvres.




Clin d’œil significatif. Je ne souhaite pas passer pour un lourd ou un crevard. Mais je ne suis qu’un homme.




Sans m’approcher plus que nécessaire -attendons sa réponse-, je lui offre un sourire en coin espiègle. Je ne peux empêcher mon regard de dériver vers ses lèvres.

- Nemo -

Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

Si l’envie était une fièvre, beaucoup de gens seraient malades.
Et je serai mourant.

L’objet de mon envie est là, toujours plus près de moi, me caressant, me frustrant, m’aguichant. Je vais mourir.
Quand elle approche sa main de mon visage, ne me lâchant pas du regard, je suis comme transcendé. Elle pourrait me mener à la baguette, que je ne dirai rien. Elle caresse mes lèvres de son pouce et un frisson m’englobe. Je ne peux empêcher mes paupières de se fermer. Est-ce pour me retenir, ou pour mieux profiter du moment ? Sans doute les deux à la fois, involontairement.
Le frisson s’intensifie de plus belle quand sa main passe sur ma nuque. Et me voilà désormais au bord du précipice d’un volcan, entouré de lave en fusion. Du moins c’est l’impression que j’ai, tellement ma chaleur corporelle augmente au contact de ses lèvres sur ma joue. C’est si doux, si bon et frustrant à la fois. Jusqu’à ce qu’elle presse ma cuisse, un peu trop haut à mon goût. Mes yeux s’ouvrent en grand et je ris doucement en attrapant sa main et en la décollant. Au moins, je sais ce qu’elle veut. Et j’espère qu’elle sait ce qu’elle veut.

Sa main dans la mienne, je l’amène à mes lèvres et l’embrasse tel un preux chevalier baiserait la main de sa princesse.




Et quand, au juste ? Qu’est-ce qui me retient ? Elle le veut et je ne souhaite que ça. Pourquoi perdre du temps à avoir envie alors que rien ne se met en travers de notre chemin ? Les gens ? Ils sont trop occupés à boire et à danser et la lumière est tamisée. Et puis, qu’y a-t-il de mal à s’embrasser ? On verra plus tard pour les choses plus… profondes.




Je soupire et m’approche encore plus, réduisant l’espace que j’avais creusé entre nous. Je délaisse ma pinte sur la table : j’ai un alcool encore meilleur à goûter.




Est-ce l’alcool qui parle ? La poudre bleue ? Peu importe. La limite est franchie. Je passe ma main chaude sur sa joue et lui remet une mèche de cheveux derrière son oreille. Ne lâchant pas du regard ses lèvres, j’y passe mon pouce, imitant ses gestes d’il y a quelques minutes. Brisant les derniers centimètres qui persistaient entre nous, mes lèvres se posent sur les siennes.
Et enfin je revis.

- Nemo -

Dragueur du Dimanche

- ft. Azura -

Nos souffles et nos lèvres s’entremêlent, fidèles à leurs envies primaires. C’est à ce moment que je me rends compte d’une chose : j’en avais extrêmement besoin. Quelque chose de pur, d’intense, de simple. Rien n’est plus simple que le plaisir de la chair, rien. Qu’aujourd’hui il s’offre à moi, est le plus beau cadeau que l’on pouvait me faire en ces temps troublés. Troublés et invisibles, évidemment.

Tout ce que je suis en train de vivre me semble réciproque. Je sens ses doigts sur ma nuque, sa main dans mes cheveux, sa langue se frayant un chemin. Mes paupières ne se rouvrent pas, je vis l’instant présent. Mon esprit est totalement embrumé et je pense à toutes les actions primitives que j’aurais envie de faire, là, tout de suite.

Son recul me fait l’effet d’une tempête froide au contact de mes lèvres humides et je n’ai qu’une seule envie : replonger dans ce confort chaud. Mais mes pupilles se noient dans ses émeraudes et plus rien n’a d’importance. Sa voix brûlante ravive mon cœur qui bat plus que de raison. Je détourne mes yeux quelques minutes : j’ai chaud, partout. Et l’alcool n’aidant pas pour ce qui est de garder mon sang là où il doit rester, il va falloir qu’on se barre d’ici, et rapidement. Ou alors que je pense à autre chose. Genre la vieille sorcière de Myria en string. D’un éclair, l’effet fonctionne parfaitement et je ne peux empêcher une grimace de dégoût poindre le bout de son nez sur mon visage.

Pendant ce temps-là, Azura termine son cocktail d’une traite et me souffle de faire de même. Je souris, comprenant très bien là où elle souhaitait en venir. Nous avons tous les deux les mêmes envies quant à la suite de cette soirée, et ce n’est pas pour me déplaire. Au contraire.
Je jette un œil à ma pinte, voyant si le cul-sec serait adapté. Un peu moins de la moitié, il serait donc adapté. Après deux grandes lampées, je repose la chope sur la table et me rapproche de l’oreille d’Azura.




Je lui fais un clin d’œil en riant doucement. Intérieurement, je sais qu’au moment où je vais me lever, je vais me retrouver sur un bateau qui tangue. Et ça ne va pas faire bonne impression, ça non. Il va falloir que je me prenne un petit remontant. Mais avant ça…




Murmuré-je en déposant mes lèvres en un baiser au coin des siennes, puis un autre dessus. Écoutant sa réponse, je me recule légèrement afin de prendre la boule de poudre à l’intérieur des coutures de ma manche de veste. Rapidement, et sans y attacher le moindre regard, j’en dépose quelques grains sur le dos de mon index et inspire profondément, d’un geste rapide comme si je me grattais le nez. N’ayant lâché le regard d’Azura à aucun moment, je lui souris.




Pour mieux les désordonner quelques minutes après. Au moins, ça me permettra de retrouver mon équilibre au moment de me lever.

- Nemo -