Rapports d'origine inconnu...

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Au début, ce n’était qu’un simple message, un virus informatique qui ne semblait pas bien méchant. Cela faisait partie des expériences de la vie, tout le monde était passé par là. Mais quand bientôt, Shenlan apprit que tous ceux possédant des EVER avaient reçu ce même message presque au même moment… Ce n’était plus une coïncidence, c’était un signe. Un signe de qui ? Pour quelles raisons ? Du changement arrivait, Shenlan le sentait au plus profond de son être, et peut-être qu’il aurait dû ne pas sortir se promener, ce 12 juillet 2071 à 19h.

Il était 7h du matin en Amérique, mais 19h à Pékin, là où vivait Shenlan avec le reste de sa famille. Sans crier gare, il s’était endormi sur un banc dans le parc de son quartier, puis c’était réveillé quelque temps plus tard dans un monde… étrange. Les plus censés pensaient rêver, les plus effrayés paniquaient, mais Shenlan était parfaitement dans son élément – pour une fois. Il regardait le ciel les yeux grands ouverts, fasciné à la fois par sa couleur et sa forme.

Un éclair de lumière apparut soudain dans les cieux, laissant apparaître un être de lumière. Shenlan détourna immédiatement ses yeux vers le sol, s’inclinant. Cela ne pouvait-être que le Ciel*, comme le confirmait les paroles prononcées. Le monde dans lequel il avait été déplacé était de leur création, et le pourquoi du comment de cet événement n’était pas à questionné, puisque pas du niveau de compréhension des humains. Shenlan accepta donc la nouvelle vie qui l’attendait ici sans broncher. C’était, après tout, rien d’autre que la volonté du Ciel.



Le jour premier & les Rossinis…

Shenlan avait été transféré dans un lieu que les habitants de ce nouveau monde nommèrent bien plus tard Green City. Bien malgré lui, il avait été intégré à un petit groupe de jeunes Chinois qui l’avait presque immédiatement reconnu : quels étaient les Chinois qui ne connaissaient ni la famille Yun, ni leur richesse, ni leurs entreprises ? Shenlan n’avait pas de réponse, car tous les compatriotes qu’il avait rencontrés connaissaient au moins un des trois éléments cités ci-dessus. Etant donné donc son statut plutôt élevé dans la société – on peut dire merci aux parents –, Shenlan avait été officieusement considéré comme le chef de la bande. Il ne refusa pas la position dans laquelle il avait été placé, puisque cela semblait aussi aller de pair avec quelques privilèges et faveurs.

Il fallait dire que ne pas accepter cette place de leader du petit groupe paniqué était impensable. Shenlan avait beau être heureux car le Ciel l’avait permis de quitter la Terre, sa famille et société chinoise moderne un peu trop folle à son goût, mais les gens étaient trop agités et déraisonné. Cela affectait petit à petit ses émotions, et il oscillait entre tristesse et exaspération, sans savoir de qui exactement ces sentiments venaient. Le groupe le servait en quelque sorte de barrière pour calmer ces interférences émotionnelles.

Et il eut enfin le fameux discours de Rossinante Rossini, qui calma les personnes les plus turbulentes (au grand soulagement de Shenlan). Diffusé en direct par le bias d’EVER, presque tout le monde en Eldia l’avait écouté. Shenlan s’était retenu de pouffer tout le long du discours de l’homme, mais une fois terminé, il ne put retenir son rire. « Frères, il sera le prochain despote, et les Rossini formeront une lignée de gouverneur ! ». Personne dans le groupe ne le croyait, mais ils durent rapidement reconnaître leur faute lorsqu’après être élu gouverneur, l’article 11 du second texte de lois indiquait que « seuls les Rossini étaient aptes à gouverner ».

Il fallait dire que les lois misent en place était un vague écho de celles chinoises. Le contrôle du gouvernement sur la population, notamment des publications sur EVER, était relativement petite face à la réalité chinoise, où le comportement de chacun était scruté à la vidéo-surveillance près dans un système de points. « Sa démocratie universelle… Où elle est passée ? ... Ne pensons plus à ça, tant que nous sommes heureux, ce n’est pas un problème. ».

Être heureux. Peut-être qu’il pourrait enfin l’être à Eldia.


Le Jour Noir & Aujourd’hui…

Malheureusement, ce n’était pas à Green City où Shenlan trouverait son bonheur.
L’être de lumière était de nouveau apparut dans le ciel, de mauvaise humeur. Sa sentence était indéfectible. Qu’avait fait Shenlan, pour avoir ainsi offensé le Ciel ? Shenlan se prosterna, la tête touchant le sol, souhaitant se faire pardonner pour les fautes qu’il aurait commise, mais rien y faire. L’être de lumière disparut dans un grondement. Les cieux étaient en colère, et les Bêtes qui sillonnaient tout Eldia était la manifestation de cette colère. Rien ne résistait contre elles. La végétation, constructions humaines, les êtres vivants… Tout se retrouve détruit à son passage.

C’était la volonté du Ciel.

À minuit, elles disparurent. Heureusement, Shenlan survécut, mais plus de la moitié de son groupe avait péri. Shenlan porta le blanc de la mort pour ses amis décédés pendant cent jours**. Ce fut durant cette période de grande tristesse qu’il rencontra un Bidule curieux et joueur, un bon bol d’air frais qui le faisait rire lorsqu’il avait le moral dans les chaussettes. Partout où Shenlan allait, le Bidule suivait. Ils étaient comme une paire de gants : inséparable.

Cependant, à la suite de ce Jour Noir, le groupe d’amis dont Shenlan s’était retrouvé le « leader » se sépara. Trop de choses terribles s’étaient passées ce soir-là. Se voir signifiait se rappeler de ceux qui n’étaient plus vivant. C’était trop douloureux pour Shenlan ainsi que tous les autres. Ils rompirent tous les liens qui les unissaient et partirent dans des directions opposées.

Shenlan se rendit sur l’Île d’Eden, s’installa à Serpens, et y ouvrit ces services de matchmaker et de diseur de bonne aventure.


*le Ciel désigne ici la divinité chinoise 天 Tian (aussi parfois traduit en français comme « Créateur ». Il s’agit d’une divinité supérieure à d’autres divinités chinoises dont son rôle se confond avec « l’Empereur de Jade » 玉皇大帝 Yuhuang Dadi, une divinité taoïste, ou bien avec 上帝 Shangdi ou帝 Di. Le Ciel règne dans le Royaume des Cieux sur la bureaucratie céleste, c’est-à-dire des « dieux majeurs » responsable d’un « ministère » où travail des « dieux mineurs », chaque ministère gérant un aspect de la vie quotidienne.

**En chine ancienne, la durée du deuil d’un membre de la famille est de 100 jours. Dans certaines familles, la durée du deuil pouvait aller jusqu’à 3 ans.